Certains peuvent tolérer de petites pertes d'eau pendant de courtes périodes, mais comme le sait très bien quiconque a laissé ses plantes sur son balcon après des vacances d'été, de grandes pertes d’eau entraînent généralement la mort. Cependant, il existe un groupe de plantes qui, mieux que tout autre, savent survivre dans des environnements très secs. La plupart d'entre eux viennent d'Afrique australe et, quand observé de loin elles ont l’air dessechées. Ils peuvent rester dans cet état pendant des années, mais dès qu'ils sont humides, ils montrent l'extraordinaire capacité de revivre, de verdir et même de fleurir en quelques jours ou quelques heures. C'est pourquoi elles ont été nommées « plantes de la résurrection » et peuvent représenter une vraie ressource pour l'avenir de l'agriculture.
Les céréales comme le blé, le maïs et le riz, qui sont à la base de l'approvisionnement alimentaire dans le monde, sont en fait des plantes annuelles qui ont besoin d'une saison humide pour pousser. Étant donné que la population mondiale augmente rapidement tandis que les zones humides arables diminuent à cause du changement climatique, il est facile de réaliser que la recherche de cultures qui résistent à la sécheresse est nécessaire pour assurer la sécurité alimentaire mondiale.
Comment les plantes de la résurrection reviennent-elles à la vie ? Dans leur état de mort apparente, ces plantes ralentissent leur métabolisme au minimum. Cela garantit que les structures cellulaires ne sont pas endommagées par le manque d'eau, par la perte de volume et par la présence de substances oxydantes qui sont typiquement produites lors d'un stress hydrique. Cela nécessite la double action de mécanismes génétiques, physiologiques et structurels que nous commençons à peine à comprendre. Les cellules deviennent plus petites et les parois doivent devenir plus souples pour faire suite au changement de volume.
Inutilisables, les appareils photosynthétiques sont divisés, mais les matériaux de construction sont stockés afin de pouvoir être reconstruits rapidement dès que l'eau redevient disponible. Des enzymes et des antioxydants sont produits, et le métabolisme des glucides est redirigé vers la production de sucres tels que le saccharose et le tréhalose. Celles-ci, associées à certaines protéines spéciales appelées LEA, ont pour effet de protéger et de garder la forme de toutes les structures cellulaires, dont l'ADN et les organites.
De nombreux gènes contrôlant ces processus ont été récemment identifiés. Fait intéressant, ils ne sont pas seulement communs aux plantes de résurrection, mais on les trouve également dans toute autre plante vasculaire. Il y a en effet au moins une étape dans la vie de chaque plante qui a précisément pour but de faire entrer la plante en état de léthargie, de se déshydrater et d'attendre le bon moment pour "revenir à la vie" : c’est la graine. De ce fait, les plantes possèdent déjà la configuration génétique nécessaire pour faire face à la déshydratation, mais ces mécanismes sont exclusivement actifs au stade embryonnaire et non dans les végétaux adultes, tels que les feuilles. Les chercheurs tentent de produire de nouvelles variétés dans lesquelles les «gènes de résurrection» endogènes sont activés dans chaque partie de la plante lors de la déshydratation. Alors, les cultures résistantes à la sécheresse seront bientôt une réalité et pourraient assurer une source de nourriture stable dans ces zones où, jusqu'à présent, une mauvaise saison des pluies pouvait avoir de graves conséquences sociales et économiques.